Matali Crasset est designer industriel de formation. Depuis 25 ans, elle a su construire un univers singulier fait de touches de couleurs vives et de modularité. Son surnom de Jeanne D’arc du design, donné au départ pour sa coupe atypique, lui colle parfaitement à la peau. En effet, la créatrice sait s’imposer dans un secteur tenu par des hommes, et révolutionner les intérieurs.
Une designer accomplie
De parents agriculteurs, la designer a passé son enfance dans un petit village du nord de la France. Depuis les années 1990, elle propose un travail qui explore des univers éclectiques, allant de l’artisanat à la musique électronique, de l’industrie textile au commerce équitable. Cette artiste envisage son travail comme le refus de la forme pure, une recherche en mouvement, faite d’hypothèses plus que de principes. Elle a reçu pas moins de douze distinctions. Sa première, un an après ses débuts, en 1991, le premier prix du concours Louis Vuitton.
Une nouvelle approche du design
La créatrice analyse et questionne les codes régissant notre société quotidienne. Elle articule, en conséquent, son œuvre autour de principes tels que la modularité, l’appropriation, la flexibilité et le réseau. Par ses travaux, elle tient à valoriser une notion qui lui est chère : l’hospitalité. Ainsi en observant les usages, elle invente de nouveaux rituels. L’objet culte illustrant ces valeurs est « La colonne d’hospitalité » nommée « quand Jim monte à Paris ». Imaginée en 1995, cette colonne se transformant en matelas, pour accueillir des invités, répond parfaitement au manque d’espace dans beaucoup d’appartements urbains.
« Le design doit redonner de la liberté et non dicter sa loi » – Matali Crasset
L’artiste pose un regard expert et toujours neuf sur le monde, elle questionne l’évidence des codes pour mieux s’en affranchir. Son travail consiste alors à chercher de nouvelles typologies et à formuler des logiques de vie inédites. La designer définit cette recherche comme un accompagnement, en douceur, vers le contemporain. « Le design doit redonner de la liberté et non dicter sa loi » (Matali Crasset).
Des domaines d’application illimités
« J’aime ce décalage artistique où l’objet se transforme en aventure humaine » – Matali Crasset
Grâce à ses multiples voyages, la designer peut notamment prétendre à une démarche proche de l’anthropologie. Elle observe particulièrement les modes de vie afin de trouver des solutions sortant du cadre des codes établis. Ses réalisations l’ont également amenée sur des terrains qu’elle ne soupçonnait pas ; de la scénographie au mobilier, du graphisme à l’architecture intérieure. Cette diversification est bien souvent liée à des rencontres. Ainsi, elle a pu réaliser de nombreuses collaborations avec des acteurs divers tels que IKEA, ou encore LU pour l’opération « l’atelier des possibles ». Elle dit aimer « ce décalage artistique où l’objet se transforme en aventure humaine » (Matali Crasset).