En 2010, Paulin Dementhon vit à Marseille où les places de parking sont, comme dans beaucoup de grandes agglomérations, des denrées rares. Il observe des voisins se partageant une voiture. Trois familles ayant décidé de réduire le budget « voiture » en gérant une co-location en bonne intelligence et en partageant les frais. Paulin Dementhon saisit à la fois le bon sens écologique et pratique de ce fonctionnement mais aussi le potentiel « business ». Il lance sa petite entreprise avec Nicolas Mondollot. Aujourd’hui, elle emploie 40 salariés en Europe, a réalisé 700 000 journées de location juste sur le premier trimestre 2015 et a déjà levé 16 millions d’euros en 5 ans. Retour sur la success story de Drivy.
La naissance de la startup Drivy
Décembre 2010 : Paulin Dementhon lance Voiturelib.com, une plateforme en ligne permettant la location de voiture entre particuliers, exactement sur le même principe qu’Airbnb le fait pour des logements. Plutôt que de laisser dormir votre véhicule au garage, rentabilisez-le. Le site prélève 30 % de commission sur chaque location pour financer l’assurance couvrant les utilisateurs en cas de dommage ou de vol ainsi que les frais de fonctionnement.
Deux ans plus tard, la startup lance l’application mobile puis réalise sa première levée de fonds en septembre 2012 (2 millions d’euros).
Des arguments implacables
La startup a construit une stratégie sur différents niveaux, pour toucher différents publics.
Le premier est assez prosaïque puisqu’il s’agit d’un avantage financier : une location sur le site coûte environ 29 euros par jour soit 30 à 40% moins cher que les agences de location traditionnelles.
De plus, et comme les autres acteurs de l’uberisation (voir notre article sur le sujet), l’entreprise propose des services additionnels de grande qualité, comme par exemple, un service client joignable 24h sur 24.
La disponibilité est d’ailleurs un autre argument phare en ce qui concerne la location des véhicules, les particuliers sont plus souples, ils n’ont pas d’horaires de fermeture.
Enfin, le dernier argument – et de taille – est idéologique. Car la startup s’inscrit dans l’économie collaborative, qui vise à supplanter la notion de propriété par celle du partage des ressources. La startup est donc également un acteur du développement durable, permettant de mettre en pratique des convictions idéologiques.
Un nouveau nom pour se déployer à l’international
Fin 2012, la startup souhaite continuer son développement à l’international mais le nom « Voiturelib » est difficile à prononcer et à mémoriser pour des non francophones. Accompagnée par la plateforme Creads – un autre acteur de l’économie collaborative – Voiturelib devient Drivy en janvier 2013. L’entreprise poursuit sa course inexorable vers le succès avec plus de 115 000 membres et 10 000 voitures à louer partout en France. Puis, en 2014, Drivy réalise une seconde levée de fonds de 6 millions d’euros. Le développement à l’international est lancé : dès novembre, l’entreprise ouvre des bureaux en Allemagne.
Drivy accélère, pied au plancher, en achetant ses concurrents Buzzcar (n°3 du marché français avec 100 000 inscrits) et Livop et en réalisant une troisième levée de fonds de 8 millions d’euros en mai 2015.
En grossissant, le groupe creuse l’écart avec le numéro deux français, Ouicar, qui annonce sur son site 17 000 véhicules en location.
En avril 2015, Drivy rassemble 500 000 membres et propose 26 000 voitures de particuliers à louer partout en France.
Encore un potentiel de croissance
Avec cette croissance exponentielle, Drivy conforte sa place de leader. Aujourd’hui, Drivy représente seulement 1 % des locations de voiture en France. Le potentiel de croissance est donc énorme comme le confirme Paulin Dementhon dans une interview accordée au Monde
« Avec l’abondance de véhicules disponibles [le parc dépasse 38 millions de véhicules en France] et non utilisés tous les jours, on peut occuper jusqu’à 50 % du marché de la location. Sans marcher sur les plates-bandes des loueurs traditionnels. On est là pour augmenter le gâteau, pas pour leur prendre du trafic. »
Le potentiel est également à l’international : Drivy existe déjà en Allemagne, la startup vient d’ouvrir un bureau en Espagne et vise un autre pays d’Europe. Les dirigeants voient plus loin : 10 pays européens d’ici 2017 et bientôt, le reste du monde.
Enfin, le développement de cette startup, comme les autres intervenants de l’uberisation passera par l’innovation technologique. C’est l’objectif du rachat de Livop : dématérialiser la location de voiture (notamment le contrat de location qui sera bientôt signé en ligne). D’ailleurs Drivy recrute actuellement des techniciens pour développer ses appli et innover sur tous les aspects technologiques.
Sources :
http://www.lemonde.fr/economie/article/2015/04/02/drivy-ma-voiture-est-la-tienne_4608320_3234.html
En savoir plus sur: http://frenchweb.fr/drivy-met-le-turbo-avec-le-rachat-de-livop/193410#8DbYb8a3ysFVVwyO.99